Des 623 chefs d’entreprise interrogés pour un sondage, 15% pensent être déjà à la tête d’une société conciliant recherche du profit et intérêt général. Aussi, 65% estiment que toute entreprise devrait pouvoir inscrire formellement une mission spécifique dans son objet social.
La présidente de Vigeo-Eiris Nicole Notat, et le président du groupe Michelin Jean-Dominique Sénard, qui le 1er mars doivent présenter des propositions pour une meilleure intégration de l’intérêt général au sein des entreprises, sont avertis. 68% des dirigeants français seraient favorables à la création d’un cadre juridique et fiscal dédié aux « entreprises à mission » (« mission-led company », en anglais), notion développée en opposition à celle traditionnelle d’entreprise tirée par la performance financière (« revenue-led company »), pour désigner les sociétés lucratives poursuivant d’autres objectifs sociaux et environnementaux. Pour 65%, toute entreprise devrait même pouvoir inscrire formellement une mission spécifique dans son objet social.
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C’est le résultat qui ressort de la première enquête nationale sur le sujet, lancée par la société de conseil en stratégie Prophil et réalisée en partenariat avec ViaVoice, le centre Society and Organizations d’HEC Paris, Sycomore AM, KPMG France, Maif et le cabinet Gide. Aucune définition juridique n’existant en France de ces entreprises particulières, le sondage s’est fondé sur cinq critères issus d’une étude précédente de Prophil: l’engagement de la société à produire un impact sociétal ; la formalisation dans les statuts ou d’autres documents d’une mission spécifique ; un modèle économique cohérent ; une répartition équitable de la valeur créée, et l’évaluation de l’impact produit.
Un enjeu de compétitivité
Des 623 chefs d’entreprises de 10 et plus salariés interrogés en France métropolitaine, tous secteurs confondus, 15% pensent d’ailleurs être la tête d’une entité remplissant déjà ces critères. Un chiffre qui, selon Prophil, pourrait même atteindre 25% « à moyen terme » en considérant les perspectives d’évolution des entreprises dans les années à venir. 48% des dirigeants eux-mêmes estiment d’ailleurs que le potentiel de développement de ce type d’entreprise serait important.
Contrairement à ce que que l’on pourrait imaginer, les raisons de cette faveur ne sont pas seulement philanthropiques, mais ont aussi à voir avec la compétitivité. Si pour 69% des dirigeants, l’enjeu est de mettre le développement durable au cœur de la stratégie sociale, et que pour 61% il s’agit de mieux sauvegarder l’emploi et les entreprises en France, 73% considèrent aussi que devenir une entreprise à mission améliore la marque employeur. 83% pensent même que l’image de l’entreprise auprès des clients en ressort améliorée.